Du rang Saint-Régis aux tables du Québec 

 Cultivés sur plus de 70 acres de terres argileuses situées le long du rang Saint-Régis à Saint-Isidore, les choux-fleurs de Michel Dubuc sont distribués aux quatre coins du Québec.  

Les Maraîchers Dubuc et Frère en vendent annuellement près de 50 000 boîtes dans les épiceries des chaînes Sobeys, Loblaw et Metro, ce qui les positionne parmi les plus importants producteurs de choux-fleurs au Québec. 

« C’est très fragile comme culture. Il n’y a plus beaucoup de maraîchers qui s’y consacrent sur la Rive-Sud. Dans la terre noire, les conditions ne sont pas idéales, et dans le sable, le chou-fleur devient vulnérable à la sécheresse. En revanche, dans l’argile, le sol demeure frais et humide. C’est parfait parce que ce légume n’aime pas la chaleur », raconte Michel Dubuc, qui s’est lancé en horticulture en se joignant à son frère Marc-André à la fin des années 1980.  

« Au début, on faisait pousser des citrouilles, des tomates, des concombres et des melons, mais notre sol n’était pas adapté à ces cultures. Quand on a vu qu’on se démarquait avec le chou-fleur, on a décidé de maximiser nos superficies », poursuit celui qui gère seul l’entreprise depuis 2001. Parallèlement à cette production qui a forgé leur renommée, les Maraîchers Dubuc et Frère cultivent également du maïs sucré sur un peu plus de 40 acres. 

« J’approvisionne les kiosques de fruits et légumes de la région et je distribue aussi mes produits dans trois IGA locaux. J’ai déjà essayé d’en vendre directement à la ferme, mais ça roule trop vite sur le rang Saint-Régis pour que les gens puissent s’arrêter », souligne le maraîcher. 

Cultivés en régie conventionnelle, les choux-fleurs de Michel Dubuc sont commercialisés sous la bannière Les Maraîchers Bec Sucré, propriété de la famille Desgroseilliers, elle aussi établie à Saint-Isidore. Cette alliance a d’ailleurs conduit les deux partenaires à fonder il y a quelques années la Ferme Profusion, dédiée à la culture biologique de choux-fleurs, de brocolis, de choux, etc., vendus sous la marque Jardins Purdélys.  

« Ce sont des champs situés à moins de cinq kilomètres de mes terres », indique Michel Dubuc, qui emploie une quinzaine de travailleurs étrangers temporaires pour mener à bien ses activités. Cette incursion dans la production biologique ouvre de nouvelles perspectives pour le maraîcher de Saint-Isidore, qui envisage l’avenir avec optimisme. 

Au cœur de la région existe un beau jardin où la gourmandise va de pair avec les valeurs écologiques. « Nous cultivons ce que nous aimons manger. Nous sommes deux bibittes à sucre. Quand arrivent les premiers fruits, j’ai hâte d’y goûter et de les présenter aux consommateurs », confie avec humeur Jérémie Cappiello, de la ferme À l’accueil chaleureux, spécialisée dans la production de tomates cerises, de poivrons de type boîte à lunch et de cerises de terre biologiques.  

Avec Stéphanie Brazeau, Jérémie Cappiello est aux commandes de cette ferme située à Saint-Philippe. En plus de ces délices nature commercialisés sous la marque Collectif Giroflée dans plusieurs épiceries, l’entreprise cultive une grande variété de légumes destinés aux marchés publics. 

Si le nom de cette ferme vous est familier, c’est sûrement grâce à Deborah Lindsay, la mère de Jérémie. Elle s’est démarquée en offrant des paniers biologiques dès l’an 2000, au point d’approvisionner en aliments frais et sains 200 familles de la Montérégie. Pour des raisons de santé, l’agricultrice a dû cesser ce type de service en 2014.  

D’une génération à l’autre 

Cependant, Jérémie était déterminé à prendre la relève. « Je suis très attaché à cette terre et à la culture biologique. J’ai énormément de souvenirs d’enfance dans ce lieu, souligne celui qui a étudié en agronomie à l’Université Laval. Cela dit, je souhaitais développer un volet de la ferme qui me permettrait de nous assurer un revenu à ma mère et à moi. » C’est ainsi qu’en 2018, l’agriculteur a amorcé un projet de production de solanacées (famille dont font partie les tomates et les poivrons) à plus grande échelle.  

Sa camarade d’université Stéphanie Brazeau s’est officiellement jointe à l’équipe en 2021. « Ça faisait quelques années que je donnais un coup de main ici. L’occasion s’est présentée d’aider Jérémie dans la mise en marché de ses produits et j’ai immédiatement accepté, car je connaissais les valeurs de l’entreprise », raconte la jeune agroéconomiste, qui a grandi dans une ferme laitière de Beauharnois.  

L’esprit coopératif revêt une importance primordiale chez nous, témoigne-t-elle. « Ce principe se concrétise sous la forme de partenariats avec d’autres producteurs pour mettre en commun l’achat d’intrants, le transport ou la commercialisation. C’est une belle façon de rayonner dans notre communauté. »  

Le respect de l’environnement guide aussi les décisions des entrepreneurs, qui détiennent une certification biologique depuis 2000. « L’avenir de la ferme passe par un type d’agriculture écologique, affirme Jérémie Cappiello. C’est conforme à nos valeurs de protection du milieu et ça permet de travailler autrement pour assurer la pérennité de la terre. » 

En plus de développer le créneau de la distribution dans les épiceries et les restaurants, le tandem souhaite continuer de desservir les marchés publics puisqu’il aime particulièrement le contact avec la clientèle. On pourra acheter ses produits frais et bio à Candiac ou à L’Île-des-Sœurs. Ce sera l’occasion de piquer une jasette avec Stéphanie et Deborah, toujours fidèles au poste.