Que ce soit au kiosque de leur exploitation à Mercier ou au Marché Jean-Talon à Montréal où ils tiennent boutique depuis 1965, les membres de la famille Guérin sont les producteurs de confiance des clients depuis maintenant trois générations.  

Le Jardin des filles à Paul, c’est à l’origine l’agriculteur Paul Guérin qui ne passait pas inaperçu il y a cinquante ans en arrivant dans les marchés publics de Montréal avec ses caisses de légumes et ses neuf filles. « On travaillait tous à la ferme », rappelle Serge Marticotte, qui gère son entreprise avec sa conjointe  Jacqueline, la cadette des Guérin, et deux de ses sœurs, Pauline et Annette.  

Le Jardin des filles à Paul se démarque encore aujourd’hui par son approche familiale avec la clientèle. « Nous faisons pousser nos fruits et légumes sur une vingtaine d’arpents, à l’arrière de l’ancien ciné-parc de Châteauguay. Tous nos produits sont offerts au détail, dont près de 90 % au Marché Jean-Talon. Ils sont cultivés par nous, cueillis par nous et vendus par nous », insiste Serge Marticotte, qui a fait carrière dans les finances tout en participant aux corvées de la belle-famille avant de s’y consacrer à temps plein à sa retraite en 2013.  

Pour assurer une présence à l’année au marché, l’agriculteur effectue la vente au détail des fruits et légumes d’une dizaine d’autres producteurs de la région de la Montérégie comme de l’ail (Dunham), des betteraves (Saint-Édouard), des carottes (Saint-Michel), des oignons et des fraises (Saint-Paul-d’Abbotsford), etc.  

Encore aujourd’hui, en période de récolte à l’été et l’automne, le personnel de l’entreprise est uniquement composé de membres de la famille Guérin-Marticotte. « En semaine, les deux aînées sont au marché tandis que ma femme et moi faisons la cueillette au champ avec notre garçon et notre petit-fils ainsi qu’une autre belle-sœur. »  

Le samedi, Serge Marticotte et Jacqueline Guérin viennent assurer la relève au marché public.   « Les clients apprécient la qualité et la fraîcheur de nos fruits et légumes, mais également, notre honnêteté. Nous sommes aussi vrais que nos produits », affirme en souriant le producteur, qui en est à son troisième mandat comme président du conseil d’administration des Marchés publics de Montréal. 

La ferme Le Jardin des filles à Paul est reconnue pour ses zucchinis, cornichons, concombres, poivrons, aubergines, cantaloups, courges et petits fruits, mais les tomates demeurent aujourd’hui sa marque de commerce. « On n’en cultive pas 52 variétés, mais celles qu’on offre, elles viennent avec tout un savoir-faire développé depuis plus de 50 ans », assure avec fierté Serge Marticotte.  

« À l’automne, on sort 2 000 livres de tomates italiennes par jour, tandis qu’on peut produire 100 boîtes de tomates régulières par jour. À 25 livres par boîte, je te laisse compter! », conclut Serge Marticotte, toujours animé par la passion des chiffres de son ancien métier. 

Diversification et entraide : la vision de Mes Fruits St-Constant  

Établie à Saint-Constant depuis 1996, l’entreprise familiale dirigée par Monique Foisy-Garand et ses fils, Éric et Steve, s’est d’abord spécialisée dans la production de légumes avant de se tourner vers la culture des fruits au fil du temps. Cette nouvelle vocation a même entraîné un changement de nom, passant de Les Serres St-Constant à Mes Fruits St-Constant. Selon Éric Gaarand, « la diversification est essentielle dans une exploitation agricole ». Ainsi, la production en serre de concombres et de tomates cohabite avec la production de petits fruits en champs.  

Pendant la belle saison, les terres se parent de teintes bleutées  avec plus de 5 000 plants de bleuets et 1 000 de camerises. « Nous avons commencé à cultiver la camerise il y a plus de 15 ans, lorsqu’elle a été introduite au Québec » mentionne l’agriculteur. L’entreprise cultive également des groseilles, des cerises SK (une production difficile en raison du climat québécois), des melons et des fèves, et occasionnellement du cantaloup et de la cerise de terre. La baie de Goji est également en phase d’essai. Tous les légumes et les fruits sont vendus directement à la ferme. 

L’entraide occupe une place cruciale chez Mes Fruits St-Constant. Les Garand offrent aux citoyens de la région la possibilité de venir cueillir les camerises, les bleuets et les groseilles. Cette activité permet aux cueilleurs d’acheter des fruits sous le sceau de la fraîcheur et de la qualité, tout en vivant une expérience agréable au milieu de la verdure, des petits animaux et des aires de pique-nique. Et ce n’est pas tout, car la famille Garand a encore de nombreux projets en tête, réservant de belles surprises pour les années à venir.  

Quant aux fruits « moches », ils trouvent leur chemin jusqu’à une entreprise de transformation à Napierville, témoignant ainsi d’un bel exemple de solidarité. De plus, les petits fruits délicats sont transformés en confitures et en sirops, une partie de ces produits dérivés étant ensuite vendue au kiosque de la ferme, réduisant ainsi au maximum les pertes. 

Producteur d’abord, Éric Garand joue également le rôle d’employeur. En juillet, une vingtaine de jeunes de la région viennent participer à la cueillette des bleuets dans les champs, au plus grand plaisir de la clientèle qui peut ainsi bénéficier de fruits murs fraîchement récoltés. 

Lorsque le grand-père de Michel Provost a démarré l’entreprise sur le rang Saint-Pierre Nord à Saint-Constant, il élevait une centaine de poules. Aujourd’hui, Michel et son fils Mathieu s’occupent de 25 000 poules pondeuses qui produisent en moyenne 625 000 douzaines d’œufs par an.

« Je suis sur la ferme depuis que je suis petit gars et c’était clair pour moi que je prendrais le relai un jour », indique l’homme de 65 ans qui a vu son père travailler jusqu’à l’âge de 80 ans. « Plus je vieillis, plus j’aime ce que je fais. »

Père de trois filles et d’un garçon, M. Provost indique que la tâche sur la ferme n’est pas assez importante pour que tous ses enfants y gagnent leur vie; ce n’est donc pas faute d’intérêt. En 40 ans, la technologie a tellement évolué que plusieurs opérations sont désormais automatisées. Dans le poulailler, presque tout est mécanisé : la nourriture, l’eau, le chauffage, la collecte des œufs, l’évacuation du fumier, etc.

« Quand j’ai commencé, je pelletais bien du fumier, mais plus maintenant », ajoute le producteur qui ne se tourne pas les pouces pour autant. « On est passé de 11 400 à 25 000 poules et pourtant, on fait le même ouvrage. »

Un mode de vie

Hélène Cousineau et Michel Provost font une belle équipe. Amante de la nature, Mme Cousineau travaillait pour l’entreprise familiale Les Jardins Cousineau avant de joindre son époux sur la production d’œufs. Elle comprend donc la réalité agricole.

« J’ai été pas mal seule à m’occuper de l’éducation des enfants, parce que Michel rentrait tard le soir », indique-t-elle. « Mais je sais que d’avoir une ferme demande des sacrifices. Les sous, c’est sur les machines qu’ont les investissaient au début et pas sur des petits luxes. Mais aujourd’hui, ça nous rapporte. »

En été, le couple et leur fils Mathieu passent facilement 80 heures par semaine sur la ferme.

En plus de produire des œufs, ils cultivent du soya et du maïs-grain pour nourrir les poules. Ils font également de la maintenance sur la machinerie, entretiennent les infrastructures et assurent l’administration de l’entreprise. Ils ont dernièrement ajouté un bâtiment pour augmenter la production. En hiver, comme les récoltes sont terminées et qu’il n’y a pas d’entretien à faire à l’extérieur, le couple peut désormais se permettre de partir près d’un mois en vacances.